
Khirghizistan
In’Stan Magique
Au cœur de l’Asie centrale, le Kirghizistan s’étend comme un poème de montagnes et de vents. Entre les neiges éternelles du Pic Lénine et les reflets bleus du lac Isik-Köl, le pays respire la liberté des nomades. Ses vallées murmurent des légendes, ses yourtes veillent sous les étoiles. Terre fière et discrète, le Kirghizistan est un horizon où la nature et l’âme humaine se rencontrent.
Kirghizistan, Kyrgyzstan, Kirghi quoi ? Je leur avais dit qu’au début il serait difficile de retenir le nom de ce pays, mais qu’après notre aventure, ils sauraient le prononcer, le situer et même l’écrire en cyrillique… Кыргызстан ! 28 jours de voyage c’est beaucoup et au final ça passe presque trop vite ! Voici quelques lignes qui résument une aventure où rencontres et paysages inconnus se sont mêlés pour créer un voyage qui nous est aujourd’hui connu et est inscrit dans nos mémoires.
Arrivée à Samarcande
C’est sur la route, la route de la Soie que notre voyage commence dans l’une des plus anciennes villes du monde. Bienvenue à Samarcande, joyau architectural de l’Ouzbékistan. Durant 3 journées, nous découvrons des édifices d’une beauté rare, où se mêlent prouesse architecturale et histoire séculaire. Place du Registan, Nécropole de Shakhi Zinda, Mausolée Gour-Emir, Mosquée de Bibi-Khanym… nous sommes éblouis et rêvons des temps anciens lorsque les caravanes de chameaux circulaient et venaient échanger et vendre épices, soie et autres produits d’Asie centrale.
Direction le Kirghizistan
Transport en commun, c’est en train que nous nous déplaçons pour rejoindre en 2 jours la frontière Kirghize, au nord-est. Quai n°1 à Samarcande pour prendre le train express « Afrosiyob » direction la capitale Ouzbèk, Tachkent. Visite le lendemain de la capitale à l’architecture Russo-Kirghize. Le plus surprenant reste le réseau de métro dont les gares sont de véritables œuvres d’art. Quai n°2 à Tachkent pour prendre un train couchette, mais de jour, direction Andijan, ville importante Ouzbèke. Sympa le train Ouzbèk, surtout le wagon bar, où l’on regarde le paysage défiler avec des cafés à moins d’1€, les 5h passent plus vite que dans un Ouigo ! Frontière pédestre uniquement, le passage est épique, beaucoup de locaux et seulement 8 touristes qui tentent de se frayer un passage, les discussions et les regards vont bon train, à contrario du passage de frontière. Notre guide Ulan, qui nous attend côté Kirghize, nous fait passer en VIP, Kirghizistan nous voilà !
Premiers pas au Kyrgyzstan !
Lac de Toktogul, balade à la découverte d’une cascade cachée, route direction le col d’Ala-Bel (3175 m) et pâturages de Suusamyr… la découverte du Kirghizistan est splendide, les alpages sont parcourus par les chevaux, moutons et habités par des semi-nomades logeant dans leur yourte ! La carte postale est là ! Première nuit en yourte, on adore ! Les paysages défilent le long de routes qui se sont transformées en chemins de terre et de poussière, géologiquement, le Kirghizistan nous émerveille par ses formations et couleurs. Tout aussi surprenants les cimetières qui abritent de véritables mausolées dans un syncrétisme religieux entre islam et orthodoxie. Autre belle surprise, à laquelle on s’habitue, c’est l’accueil chaleureux des Kirghizes, des personnes avec qui il est facile de partager, d’échanger et d’apprendre un peu plus sur leur vie. Il faut dire que notre guide local, qui parle aussi bien français que nous, facilite les échanges.
Sur les hauteurs de Tien Shen
4 jours dans les « Monts Célestes » pour s’évader dans les montagnes, prendre de la hauteur et remplir notre mémoire de nouveaux paysages. Nos sacs à dos sont remplis du nécessaire pour le trek, mais nous sommes heureux de ne porter ni tente ni nourriture, car nous dormons dans des camps de yourtes où le service cuisine est assuré. Premier camp à 2500 m, vallée verdoyante, torrent et petites yourtes blanches, on est bien ici ! Pour arriver au second camp, longue ascension jusqu’au lac Ala Köl, camp à 3500 m avec en contre bas un lac aux couleurs changeantes avec en toile de fond les glaciers, on est très très bien ici ! Jour de col, Ala Köl à 3950 m, panorama, fraicheur et grandeur sont au rendez-vous, descente dans les alpages avant de retrouver le troisième camp et des sources chaudes, on est vraiment très très bien ici ! Dernière matinée de marche le long d’un tumultueux torrent et nous voilà dans la touristique ville montagneuse de Karakol, douche chaude, concert privé de musique traditionnelle et repas tout aussi traditionnel dans une famille Dungan (groupe ethnique chinois).

Jusqu’au lac Son Köl
La route le long de la rive sud du lac Isik-Köl (second plus grand lac alpin du monde après le lac Titicaca) offre de superbes panoramas sur cette mer intérieure et des sites géologiques surprenants comme les roches rouges de Jeti-Oguz et les sculptures minérales du canyon de Skazka, des spectacles résultants du long et méticuleux travail de dame nature, des merveilles ! Après plusieurs nuits en yourtes, on sait enfin comme ces habitats nomades se construisent et s’assemblent. On rencontre une famille au village de Kysyl Tuu, lieu majeur de fabrication des yourtes, où l’on observe et participe au montage de ce qu’on appelle ici « bozüy » signifiant maison grise, rapport à la feutrine. Encore plus encré dans les traditions du pays, nous rencontrons deux « aigliers » qui, sous nos yeux ébahis, nous expliquent la chasse à l’aigle. Instant irréel de voir ces aigliers en costumes traditionnels sur leurs chevaux (« bercut »), avec au bout de leurs bras leurs aigles, qui par leurs cris viennent briser le silence presque religieux qui règne sur ce sauvage plateau.

Deux jours de randonnée nous mènent au lac Son Köl. Vallées et collines verdoyantes, transhumance de chevaux, torrents providentiels, camps de yourtes et rencontres locales, tapis multi-floral… sont notre heureux quotidien de ces journées pédestres. Son Köl abrite un lac exceptionnel à plus de 3000 m mais est aussi un haut lieu de la vie semi-nomade, et après 4 jours dans cet univers, on échangerait presque notre voiture pour des chevaux et notre maison pour un camp de yourtes. L’expérience est immersive et sensitive !
Vers le sud
La piste s’élève pour passer le col Moldo-Ashuu à 3238 m, redescend pour traverser le fleuve Naryn puis remonte pour passer le col MELS à 3380 m dans un cadre panoramique verdoyant. Plus bas on se rapproche de la frontière Chinoise que l’on aperçoit lors d’une belle et longue randonnée culminant au col de Panda à 4025 m. Paysages de haute montagne en haut et pâtures habitées par les yaks, chevaux et nombreuses marmottes en bas. Nouvelle rencontre avec les locaux et nouvel apprentissage avec l’artisanat du tapis, art ancestral Kirghize. Les femmes nous apprennent la fabrication du Ala kyiz, un tapis fait de feutre, moment privilégié où s’échangent rires et sourires.
Routes et cols d’altitude
Les kilomètres défilent sur ces journées, les paysages nous enchantent sans qu’on ait besoin de chanter dans le bus. Roches ocres, torrent gris puis bleu et parfois gris/bleu, pâtures vertes mouchetées par le pourpre du sainfoin et toujours la gentillesse du peuple Kirghize. Les kilomètres passent vite et haut avec le col de Kara-Göö à 2760 m, le col de Kaldamo à 2979 m et enfin le col Taldyk à 3615 m, ca tourne mais à chaque virage on attend le prochain pour profiter encore un peu plus d’une vue qui s’élève !
« 28 jours de voyage c’est beaucoup et au final ça passe presque trop vite !«
Le Pamir en bouquet final !
Depuis la vallée de l’Alay, la vue sur les contreforts nord de la chaîne du Pamir vaut à elle seule les kilomètres des trois derniers jours ! 6216 m, 5505 m, 5097 m, 5800 m, 6000 m, 6218 m, 6690 m, 6183 m, puis le voilà, dominant tous les autres et culminant à 7134 m, le pic Lénine, renommé pic Abu Ali Ibn Sina, second plus haut sommet du Pamir. Deux dernières nuits en yourte au bord du lac Tulpar à 3500 m pour profiter des levers et couchers de soleil au pied du pic Lénine. Lors de notre dernière randonnée, c’est ses orteils qu’on vient chatouiller pour s’offrir un panorama unique lors d’une randonnée qui l’est tout autant. Les hauts sommets, le camp de base et les glaciers nous plongent l’instant d’une journée dans l’étape d’après, celui des expéditions. Mais pour nous elle s’arrête au col de voyageurs à 4130 m, un col bien nommé qui marque la fin de notre voyage, ou au vu de ce qu’on vient de vivre, la fin de notre aventure… une aventure riche en émotions !
Après un Ouzbékistan architectural et historique, nous sommes rentrés dans un Kirghizistan naturel et culturel qui nous a séduits et surpris jour après jour. Par ses paysages, son accueil, ses traditions et tout ce qui reste gravé dans nos mémoires, nous sommes persuadés d’avoir vécu une aventure unique, une aventure où, ce discret pays d’Asie centrale, nous à ouvert son cœur pour marquer le nôtre !
Clément Legain
